Le 327th attaque par le bassin à flot

Lt Colonel Joseph H « Bud » Harper était un officier de carrière qui commandait un bataillon du 326th Regiment de la 82nd Infantry Division. Quand la 82nd devint Airborne, on lui confia, en aout 42, le tout nouveau 401st GIR.

Il bossa comme un malade pour donner à son régiment la même qualité que les 325th, 326th et 327th GIR. Fin décembre 1943, devant la nécessité de « beef up » les Régiments para et gliders, son Régiment se trouve démembré, à sa grande indignation. « Bud » Harper fut littéralement abasourdi par l’annonce de la disparition de son cher 401st GIR au profit du renforcement des 327th et 325th GIR. Pour rajouter l’insulte à la blessure, il lui fut notifié qu’il n’y aurait pas de place pour lui lors de l’invasion, et qu’il resterait en Angleterre. Piqué au vif, Harper appela Van Horn Mosely, le CO du 502 PIR et lui expliqua qu’il souhaitait participer à l’invasion d’une manière ou d’une autre, et qu’il voulait sauter en Normandie. Mosely appela un sergent instructeur et lui confia Harper, afin de lui apprendre les rudiments du saut. Le sergent fit monter harper sur une table, lui montra comment lever les bras pour tenir les suspentes, de sauter et d’atterrir par un roulé boulé. Harper s’exécuta 4 ou 5 fois, et le sergent le déclara prêt à sauter!! Quelques jours plus tard, un avion de la RAF fut réquisitionné pour permettre à Harper d’effectuer son premeir saut. Harper confesse n’avoir pas fermer l’oeil de la nuit précédente, « mort de trouille ». il se dirigea par un froid matin d’avril 44 vers l’aérodrome où l’attendait un équipage goguenard. devant sa nervosité, le pilote lança les paris ave son équupage, que Harper serait pétrifié à la porte et qu’il refuserait de sauter. L’avion décolla, avec Harper pour seul passager. le sergent attacha la static line et et lui demanda d’avancer vers la porte. Sans la moindre hésitation, Harper se jeta dans le vide, à la grande consternation de l’équipage anglais. Harper atterrit comme une fleur, refit un second saut, et obtint de Taylor l’autorisation de sauter en Normandie.

Le samedi 10 juin, Bud Harper est toujours à Utah Beach où il a joué les Beachmasters pour les élément de la 101st venus de la mer. Il est convoqué d’urgence au PC de la division à Hiesville. il discute du plan d’attaque de carentan avec Max Taylor. Ce dernier lui montre la situation du 327th, et lui ordonne de prendre la direction des opérations, en lieu et place de george Wear. Harper saute dans une jeep, il trouve Wear à Brévands, à qui il remet une lettre signée de taylor. Les deux hommes se saluent, et Harper fonce retrouver les premières lignes du 327th en bordure de carentan. L’axe d’attaque du régiment est la route de Brévands, avec le flanc droit le long du canal, et le flanc gauche très étendu jusqu’à la Vire. Les tirs de 88 ont totalement désorganisés les deux bataillons dont les lignes se chevauchent,t sans cohésion aucune. Harper décide que la route de Brévands marque la limite entre les deux bataillons, 1/327th à gauche, et 2/327th à droite, sur les hauteurs, pour délivrer un feu de soutien. L’attaque reprend à 22 heures, dans un feu d’artifice de balles traçantes des heavy weapons du 2/327th. Les premiers élément du 1/327th atteignent le pont Bailey et traversent le petit pont piétonnier pour rejoindre les rives nord du canal. Le pont est à moitié démoli, et sera retapé dans la nuit par les glidermen. Harper veut faire entrer ses troupes par les deux côtés du bassin à flot. C’es A Company du 401st, qui vient d’arriver, qui est chargé d’attaquer par la rive est du canal, (gauche en regardant vers Carentan) tandis que G/327th attaque sur l’autre bord du canal.

L'assaut et la prise de Carentan

L’assaut débute à 10 heures ce dimanche 11 juin 1944 sous les yeux de Max Taylor venu observer. Sous un barrage d’artillerie, et sous le feu des mortiers allemands, les deux compagnies progressent d’environ 450 mètres de part et d’autre du bassin à flot avant d’être clouées au sol par les mitrailleuses qui tirent depuis les premières maisons de la ville.
Harper échappe de peu à la mort en se rendant en première ligne. La situation est bloquée. Le soir venu, Harper retrouve Taylor, McAuliffe (artillerie de la 101st) et Howard Johnson, CO du 501st et Courtney Hodges, 1st Army Deputy Commander, au lieu dit Le Rocher. Le plan d’attaque est revu ; Le 506th PIR remplace le 502nd dans l’attaque vers la Colline 30 au sud. Harper doit tenir le long du bassin à flot, avec son 401st renouvelant son assaut le long de la marina. Les Geronimos de Skeet Johnson sont retirés de leur position en réserve et traversent la Douve à Brévands pour effectuer un large mouvement d’encerclement par l’est. La nuit du 11 au 12 juin est terrible pour Carentan. Au feu ennemi s’ajoute l’artillerie américaine, et les obus des gros canons de la Navy. Allen et ses boys du 401st comprennent ce que « dig deeper » signifie!
A 5 heures du matin le 12 juin, le 401st bondit de ses foxholes le long du bassin à flot et charge vers Carentan. Ils sont les premiers à pénétrer dans la ville. Bob Sink au sud pousse son 2/506 dans la ville, qu’il trouve seulement occupée par quelques snipers. A court de munitions, les Fallschirmjaeger du Major baron von der Heydte se sont échappés durant l’obscurité. A 7 heures 30 le 12 juin, paratroopers et glidermen font leur jonction en ville. Harper, Allen, et le colonel Bob Strayer, boss du 2/506th se retrouvent dans une maison non loin de la gare où ils débouchent une bouteille de vin fraichement « libérée ».

Private first class Donald J. Rich, de Wayland, Iowa, un bazooka man de G/327th, premier libérateur de Carentan.

Don Rich , s’il n’est LE premier soldat de la 101st Airborne à entrer dans Carentan, a sûrement été l’un des précurseurs de la libération de la ville. Il est dès le 11 juin à l’aube, en bordure du bassin à flot. Il traverse la petite passerelle à demi démolie pour rejoindre avec son bazooka sur l’épaule, le côté ouest du bassin à flot. Bud Harper est là, qui lui demande d’aller tester les défenses allemandes à l’ouest du bassin à flot.

Récit :
« En regardant vers le sud, je constate que la partie ouest du canal est bordée d’une haute digue couverte d’une rangée d’arbres qui court jusqu’à Carentan. On progresse de 250 mètres sur cette digue, avec Frank Delarosa en pointe, guettant le moindre signe de l’ennemi. Je suis en état d’alerte maximum, et un peu anxieux, alors que nous avançons tranquillement. Il est difficile de distinguer ce qu’il y’a devant nous à cause des arbres et des buissons. On avance encore de 50 mètres, puis décidons de rentrer rendre compte au Captain Evans (G Company CO). Sur le chemin du retour, je remarque une petite maison à un seul étage à l’ouest du canal. Un petit verger sert de jardin. Avec moult précaution, nous investissons la maison. Elle est remplie de bouteilles de cidre. Putain! que ce cidre est bon!
On revient vers le pont qui a été renforcé par les Engineers, avec des planches pour faciliter le passage. On fait notre rapport à Evans. Le colonel Harper est là aussi.« 

Delarosa déclare : « No sign of the ennemy, Sir« .

Je rajoute : « On n’a vu personne… mais le cidre est super!« 

Harper me jette un drôle de regard : « Du cidre de pommes?« 

« Yes Sir » fit Delarosa, « par ici ».

 

Harper et Evans se dirigent vers la maison. Ils en ressortent tout sourire….

L’autre côté de la bataille ; les Geronimo à Carentan

Hill 30 à Carentan, l’autre charge héroïque des parachutistes!

Les quatre régiments de la 101st Airborne, ainsi que toutes ses unités de soutien, ont pris une part décisive dans la libération de Carentan. Le 501st Parachute Infantry Regiment, engagé notamment dans les combats de Basse Addeville, Les Droueries, St Côme du Mont et La Barquette, se voit confier le 10 juin la mission de contourner la ville par l’est, via Saint Hilaire Petitville, après avoir traversé la Douve à Brévands. C’est le 3ème bataillon de Julian Ewell qui le premier atteint le soir du 11 juin le canal Vire Taute à St Hilaire, après avoir effectué un vaste mouvement tournant par Catz. Les troopers bivouaquent près du canal, avant d’entreprendre vers 5 heures du matin lundi 12 juin la périlleuse traversée des marais en direction de la colline 30, une hauteur lourdement fortifiée par les Allemands, sous les yeux de leur commandant, le colonel Howard Johnson qui se tient à découvert, en attitude de défiance comme à son habitude. Des canots pneumatiques ont été apportés pour permettre à H/501st du capitaine Felix Stanley de traverser le canal. C’est le 3ème platoon de H/501st qui est en pointe, malgré ses effectifs terriblement réduits par les pertes du Jour J. Les Lieutenant Curran et Herbert sont là, avec les squad leaders Cassada et Tyrrel, et et le sergent Robert J. Houston, de la section de mortier de 60 mm qu’il traine avec lui, avec seulement 6 obus. Les canots n’inspirent pas confiance, et les troopers décident de traverser en empruntant le pont de chemin de fer seulement partiellement détruit. Ils ne peuvent traverser qu’en file indienne, un par un, sous le couvert de fumigènes qui les masquent aux tireurs allemands. Ils entreprennent ensuite la traversée des marais à découvert vers le pied de la colline 30, où le 501st doit faire jonction avec le 506th PIR venu de l’ouest, depuis Pommenauque. L’artillerie américaine commence à bombarder les positions ennemis au phosphore. Stanley choisit de faire traverser les marais à ses hommes, afin d’éviter les champs de mines placés par l’ennemi sur la terre ferme au pied de la colline. Les hommes progressent difficilement, avec d l’eau parfois jusqu’à mi poitrine. Arrivés au pied de cette élévation, les Geronimos reçoivent les premiers tirs allemands. Il s’agit de tirs de mitraillettes, bientôt suivies de tirs de mortiers et de canons antiaériens de 20 mm. La compagnie H est bientôt clouée au sol en bordure d’une ligne de haies. Les mortiers allemands se déchainent, si proches que Stanley peut entendre les soldats allemands crier leurs ordres. Pire, les allemands attaquent sur son flanc gauche. H/501st déplorent vite 13 blessés. Le Lt Curan ordonne à Houston de mettre son mortier en batterie. Herbert reçoit un éclat qui lui arrache la mâchoire. Houston le soigne comme il peut avant de le renvoyer vers l’arrière. Il est désormais seul pour manier son pour mortier, tube et trépied. Houston porte son dévolu sur un emplacement de mitrailleuses allemand. Il tire une première fois, puis ajuste son tir et drop deux obus sur le nid de mitrailleuse allemand. Cassada et Lloyd J. Lein achèvent les défenseurs allemands à bout portant. Tout le platoon se rue à l’assaut, tirant et jetant des grenades dans les foxholes. Les lignes allemandes craquent, les allemands fuient en désordre, et tout le 3/501st se rue vers le sommet. Julian Ewell y prend position. Le 3/501st tient Hill 30. Robert Houston recevra l’une des trois Distinguished Service Cross remise ce jour là à des membres du 3/501st, avec Lloyd J. Lein et Odel Cassada. Cette charge sur la colline 30 est à ranger au rayon des exploits de la bataille de carentan, au même titre que la charge à la baionnette de Cole sur la ferme Ingouf au nord de la ville.

Une histoire de ponts...

Avec le retrait des défenseurs allemands le 12 juin 1944, Carentan n’en a hélas pas fini avec les vicissitudes de la guerre. La nouvelle ligne de front demeure très proche de la ville et jusqu’à la fin juin, Carentan demeurera à portée des canons et mortiers allemands. Le pont de Saint Hilaire Petitville sur la Taute, avec la jonction des têtes de pont d’Utah et Omaha Beach est devenu l’élément essentiel de l’artère qui permet aux américains de soutenir logistiquement la poussée des troupes vers Cherbourg. Les allemands le savent et vont des jours durant copieusement arroser cette artère, et notamment le pont, jour et nuit. En vérité, les allemands envoyaient des obus la nuit toutes les trente minutes, détruisant les réparations américaines au fur et à mesure. Les Engineers du 300th Engineer Combat Battalion du major John E Tucker n’avaient que 7 minutes pour intervenir. Les tirs étaient si précise que les américains étaient persuadés qu’un observateur les guidait depuis la ville. Le major Tucker devint de plus en plus exacerbé par ces tirs continuels qui endommageaient le pont plus vite qu’il ne parvenait à le réparer. le 27 juin, alors qu’un de ses hommes, Servando Varella est touché par des éclats de 88, il se lève et exhorte ses hommes à poursuivre le travail malgré le barrage d’artillerie. Il est mortellement touché alors qu’il arpente l’ouvrage. Lorsque le pont sera finalement réparé et en service, les Engineers lui donneront le nom de Tucker’s bridge. Mais les chauffeurs habitués de faire la navette entre Omaha et Sainte Mère Eglise n’auront qu’un mot d‘ordre en le traversant ; « A fond et pied au plancher! ».
Le 300th Engineer Combat Battalion est arrivé en Normandie à Utah Beach le 15 juin. La deuxxième partie du bataillon devait débarquer le 17 juin, mais son LST heurte une mine et coule. il y aura 90 morts. La première mission du bataillon en Normandie était de réparer le pont de saint Hilaire Petit Ville.

Pour mémoire, il y a eu deux ponts Bailey à Carentan ; celui sur la Taute à Saint Hilaire, et celui des écluses au bout du bassin à flot sur la route de Brévands. C’est ce dernier qui est toujours en activité.