Le martyr du 3/502 sur Purple heart lane..
Il échoit au 502 PIR de prendre les 4 ponts sur la chaussée qui mène de St Côme du Mont à Carentan. Le pont N°2, à partir de St Côme, explose le 8 juin, et aujourd’hui encore, la dispute fait rage quant aux auteurs de l’explosion, les paras du FJ 6 Regiment, ou les canons de 14 pouces de l’USS Texas. Depuis les 6 juin, les parachutistes allemands ne cessent de renforcer les défenses de cette chaussée dont les abords ont été inondés. La route N13 est totalement couverte par des nids de mitrailleuses, et les mortiers et 88 allemands ont réglés leurs tirs sur les 4 ponts et leurs approches.
Avant l’aube du 10 juin, le LT Colonel Robert Cole (West Point 1939) commence à faire traverser la Douve en pleine obscurité à ses hommes du 3/502. Compagnie I est en tête, suivie de G, H et HQ. Le jour se lève, et tout ce beau monde se retrouve comme des « sitting ducks », cibles de tir au canard sur cette chaussée surélevée, couverte de tous côtés par les tirs ennemis, et trop durs pour que les GI’s puissent y creuser le moindre foxhole. En quelques minutes, cette portion de la RN 13 mérite son nom de Purple heart lane. Les hommes sprintent d’un côté à l’autre de la chaussée, espérant trouver une meilleure couverture, mais en vain, toutes les approches sont arrosées en permanence par les tirs de mitrailleuses planquées sur de petits îlots au milieu des marais inondés. Avec la nuit, le feu diminue d’intensité, mais les obus continuent de tomber à l’aveuglette. Le bataillon est alors totalement désorganisé sur tout le long de la chaussée depuis St Côme et jusqu’au pont N°4 à l’entrée de Carentan. Les blessés,nombreux, ne peuvent être évacués. Les troopers, à découvert ou planqués derrière quelques herbes folles, tentent de dormir. Mais à minuit, un Stuka allemand et un autre avion non identifié remonte toute la N13 depuis Carentan en mitraillant et en lâchant deux bombes. Les balles ricochent des balles de ping pong en faisant des étincelles sur le macadam. I compagnie reçoit le plus fort du mitraillage. En quelques secondes, 30 troopers sont tués ou blessés. I company a alors perdu 62 de ses 85 soldats.
Coles est à La Croix Pan où Michaelis (qui a pris la place de Van Horn Moseley comme CO du 502) lui ordone de reprendre l’attaque vers Carentan. Cole place les 84 hommes de H company en pointe, avec les 60 hommes de G company en soutien, et les 121 hommes de HQ en réserve.
A 4 heures du matin le 11 juin, les troopers se mettent en mouvement. Ils franchissent à la file indienne les « belgian gates » qui bloquent le pont N°4 au dessus de la Madeleine. Les scouts tournent alors à droite vers la ferme Ingouf, objectif du bataillon. C’est le Private Albert Dieter qui est en pointe, avec H company 150 mètres derrière lui. Il parvient en bordure de la haie qui borde l’approche de la ferme quand « all hell broke loose », et mitrailleuses et mortiers entrent en action. Dieter a le bras presqu’arraché. il fait demi tour et rejoint H company planqué de l’autre côté de la RN 13. Captain Simmons et H company se trouvent vite la cible de tous les tirs allemands. Les pertes augmentent à chaque minute. Les blessés tentent de repartir en rampant. Ils croisent Cole qui rampent vers le front avec son forward artillery observer, captain Julius Rosemund. Il demande un tir de barrage sur la haie autour de la ferme Ingouff. Rosemund lui répond qu’il ne peut déclencher de barrages sans autorisation de l’officier artilleur!!! 30 mn plus tard, un barrage venant de St Côme tombe sur la ferme. Mais le feu ennemi ne ralentit pas pour autant. Pire peut-être. Cole aperçoit de l’autre côté de la chaussée son XO, le major John Stopka. Il lui crie : « j’ai demandé un écran de fumée, et après, nous chargerons à la baionnette vers ma ferme! ». Stopka répond : « OK! » mais ne comprend pas qu’il doit relayer l’ordre. Un barrage d’obus fumigène entoure bientôt la ferme Ingouff et les abords de Carentan. A 6 heures 15, le barrage stoppe.
Cole a un sifflet dans une main, et son .45 dans l’autre. Il donne un coup de sifflet strident, se lève et fonce droit devant lui. la vingtaine d’hommes qui l’entoure se lève et l’imite. Stopka réalise que l’ordre n’est pas passé. il revient vers les fossés qui bordent la N13 et tente de rallier tous les troopers qui y sont enterrés. im rassemble 40 hommes supplémentaires qu’il pousse sur les traces du colonel. Cole a pris une avance considérable. A mi parcours de la ferme, et totalement à découvert, il se retourne et ne voit qu’un ou deux soldats. Il s’arrête un moment et se croit abandonné. il met genou à terre, tandis que l’air se remplit de tirs et d’explosions. Il aperçoit aors quelques formes qui viennent vers lui. La plupart des hommes du 3rd battalion n’avait aucune idée de ce qui se passait. Voyant Cole charger, ils se lèvent et tentent de le suivre. C’est un peu du chacun pour soi, quand chaque trooper livre son propre combat individuel. Cole est au milieu du champs, tirant et jurant, au point que malgré la situation dramatique, certains hommes éclatent de rire. Stopka est maintenant devant lui. Cole se précipite, saute une haie et tombe dans un fossé plein d’eau. Il crie à son radio de ne pas le suivre. Une poignée de troopers a atteint la ferme Ingouf qu’ils prennent d’assaut en hurlant comme des sauvages. Il y a des cadavres allemands partout; mais peu ont vraiment été tués à la bayonnette. Le reste des allemands s’enfuie au delà de la ligne de chemin de fer. First Sergeant Kenneth Sprecher et Private George Roach sont les premiers à pénétrer dans la ferme Ingouf qu’ils trouvent abandonnée. Cole arrive et y établit son poste de commandement.
Au soir du 8 juin 1944, ordre est donné à la 101st Airborne de prendre Carentan afin de relier les têtes de pont des V et VII corps débarqués à Omaha et Utah Beach. Le lieutenant Colonel Robert G. Cole, commandant du 3ème bataillon du 502d Parachute Infantry Regiment (Colonel John Michaelis commanding) se voit confier la mission à 21 heures le vendredi 9 juin, d’attaquer le long du seul axe praticable au coeur des marais inondés, la Route Nationale 13 qui relie Carentan à Saint Côme du Mont au nord. Le 3/502 doit contourner Carentan par l’ouest et s’emparer des hauteurs, ( colline 30) à La Billonnerie au sud de la ville.
Le pont N° 2 après le lieu dit les ponts d’Ouve et qui enjambe la Douve, a été détruit par les allemands. La mission d’y installer un passage provisoire est confiée aux Engineers du 326h AEB à 3 heures 30 du matin.
A 4 heures le samedi 10 juin, le 3/502 se présente devant le pont N°2. Il n’a toujours pas été réparé et les Engineers refusent d’intervenir sous le feu des 88. Cole est furieux. L’assaut est reporté et le bataillon retourne à Les Quesnils. A 11 heure 30 , le Lt Ralph B. Gehauf (Officier de renseignement du 3/502) et 9 soldats mènent une reconnaissance le long de la RN 13. Ils franchissent les 4 ponts placés depuis les pont d’Ouve jusqu’à Carentan. Ils ne déclenchent aucune réaction ennemie. Gehauf est notamment accompagné du Sgt O’Reilly, du Cpl Martin Washko, Tony Diaz de Leon (WIA), Carl Dayak et James White, acting scouts.
Gehauf, toujours au delà du pont N°4 et ne voyant rien venir, s’en retourne lui aussi vers les Quesnils.
Ce n’est que vers 14 heures le samedi 10 juin que Cole lui-même, aidé de quelques soldats, établit un pont de cordes et de planches sur le pont N°2, en l’absence des Engineers du 326h AEB.
A 15 heures, la compagnie G menée par le Lt Clements traverse à la queue leu leu ce pont provisoire N°2 et entame la périlleuse progression sur la chaussée couverte par le feu allemand.
A 18 heures, tout le bataillon, environ 700 hommes est étiré depuis le pont d’Ouve jusqu’au pont N°4 sur la Madeleine. Les hommes sont soumis à des tirs incessants de mitrailleuses disséminées de par et d’autre de la chaussée, ainsi que des tirs d’artillerie et de mortiers. Les hommes sont totalement exposés, sans possibilité même de s’enterrer le long de la chaussée.
A 23 heures 30 ce samedi 10 juin, c’est tout le 3/502 qui encombre la chaussée à proximité du pont N°4 sur la Madeleine. C’est alors qu’un ou deux avions de la Luftwaffe font leur apparition et larguent leurs bombes sur la compagnie Item prise à découvert sur la chaussée. Les appareils repassent en suite pour un mitraillage en règle. I/502 déplore 30 victimes.
A 3 heures 30 le dimanche 11 juin, le capitaine Cecil Simmons et ses 80 hommes de la H Company entreprennent de traverser le pont N° 4 et de se déployer le long de la route de Pommenauque, dans les haies et fossés.
La compagnie I est retirée du front. Elle ne dispose plus que de 21 hommes et deux officiers. G Company suit avec seulement 60 hommes.
A 4 heures 30, c’est au tour de la HQ company de s’infiltrer à travers les grilles qui bloquent le pont N° 4 pour se déployer en ce lieu face à la ferme Ingouf, poste de commandement des parachutistes allemands du FJ. Reg. 6.
La charge de Cole sur la chaussée de Carentan.
Dans l’après-midi du 10 juin 1944, des membres du 3rd/502nd du Lieutenant Colonel Cole commencent à progresser vers le sud le long de la chaussée de Carentan (RN-13), traversant les quatre rivières qui marquent cette approche. A l’origine, leur objectif final était de traverser Carentan et d’occuper une hauteur connue sous l’appellation de Colline 30 en bordure sud est de la ville. Ceci devait poser les bases d’une jonction avec les éléments de la 29th Infantry Division provenant d’Isigny à l’est. (Il s’avèrera que la colline 30 est un objectif bien trop ambitieux puisqu’elle ne tombera que les 12 juin sous les coups des troopers du 3rd/501st PIR)
Le Lieutenant Ralph Gehauf du 502nd effectue un vol de reconnaissance du secteur à bord d’un Piper Cub. Les troupes au sol traversent dans un premier temps la rivière Jourdan, puis la Douve, en utilisant un pont de cordes et de planches rudimentaire. Les planches ne tiennent pas et les troopers se retrouvent accrochés par une seule corde dans les eaux de la Douve. Alors qu’ils traversent, les hommes sont soumis à des tirs intermittents de mortiers et d’artillerie. Le Lieutenant John P. Painschab du 502nd est tué durant cette phase d’approche et le Lieutenant Raymond « Whispering » Smith, qui savait se faire entendre de loin, subit une blessure suspecte au postérieur.
La Compagnie I du 502nd ouvre la marche, étalée tout au long de la chaussée surélevée. Les basses terres de chaque côté sont inondées en grande partie, et les Allemands ont installé des nids de mitrailleuses et des mortiers dans de petits îlots non inondés au milieu des zones marécageuses. Ils tirent à volonté sur les troopers en marche, prélevant des pertes, en plus des tirs de mortiers lourds et de l’artillerie. A la nuit tombée, les Américains sont épuisés. Nombre d’entre eux s’endorment comme des masses et glissent dans l’eau sans même se réveiller. Les talus de la chaussée sont si durs qu’il y est impossible de creuse des foxholes. Les officiers multiplient les allers-retours en long et en large de la colonne pour réveiller les troopers, faire le tri entre les vivants et les morts et poursuivre la marche. Le Private First Class Theodore Benkowski, de G/502nd fait partie des hommes touchés par les tirs allemands lors de la poussée. Il se considérera plus tard comme chanceux de ne pas avoir été tué. Un sniper allemand lui a arraché un œil.
Un peu après minuit, un Stuka allemand est arrivé en hurlant de la direction de Carentan, tirant de toutes ses mitrailleuses. Un grand nombre d’hommes sont touchés, et les balles provoquent des étincelles sur la surface pierreuse de la chaussée. Vers le milieu de la chaussée, un autre avion allemand arrive volant lui d’est en ouest, sur un cap perpendiculaire au Stuka. Il largue des bombes qui tuent et blessent un bon nombre d’hommes de I/502nd. Les deux avions se croisent si rapidement que bon nombre de troopers ne se rappelle que du Stuka venu de Carentan. Pendant cette marche d’approche, des combats sont livrés sur les flancs pour éliminer les positions allemandes qui couvrent la chaussée de leur feu.
Le 3rd Battalion poursuit son effort, traversant le Groult (pont N°3) et atteignant le pont N°4 au-dessus de la rivière La Madeleine. Les Allemands ont bloqué la route à cet endroit en y plaçant un « portail belge « (Belgian gate) en travers du petit pont. Les soldats doivent se faire tout petits pour s’y glisser, un par un, sous le feu des mitrailleuses pré-réglées dont les balles résonnent contre les barreaux du portail, faisant des étincelles dans la nuit. Les compagnies G et H, et une partie de HQ/3rd suit la compagnie I par ce trou de souris et les soldats se précipitent pour trouver refuge dans les fossés au nord du carré de choux. Art Parker et un certain nombre de soldats séparés de leurs unités, dont le platoon de reconnaissance de la 101st et des gars du 326th AEB, y parvient à son tour.
Durant toute la nuit, des hommes se faufilent par l’interstice dans les barreaux du portail Belge, au rythme d’un par minute.
Au-delà du dernier pont se trouve un grand champs à découvert. Une ferme à une extrémité sert de poste de commandement aux Allemands. Les haies côté sud du champs ont été aménagées par les allemands qui y ont construits tranchées et casemates pour y abriter un grand nombre d’hommes. A l’aube, la compagnie H franchit l’obstacle du pont à un rythme accéléré, avec comme effectifs 84 hommes et officiers. Le HQ/3rd Battalion dispose de 121 hommes mais il n’y en a plus que 60 dans la compagnie G. Item company est réduite en moins de 24 heures de 80 soldats et 5 officiers à 21 hommes et 2 officiers. Le Lieutenant Colonel Cole donne ordre à la compagnie I de retourner en réserve. Le lieutenant Bob Burns décide de rester jusqu’à ce que survienne sa blessure.
Quelques soldats parviennent à préparer de la limonade avec le contenu de leur ration K, et s’autorise un casse-croûte. D’autres parviennent à voler quelques minutes de sommeil avant le lever du jour. Le Lieutenant Gordon Derasmus du platoon de mortier de 81 mm du HQ/3rd/502nd passe la fin de la nuit à l’est du pont N°4 en compagnie du Sergent G.F. Verley. Au lever du jour, il devient évident qu’une grande bataille se prépare. Verley lance une des vannes de GI du jour : « Heil Hitler si on perd… »
Aux premières lueurs du jour, Le Lieutenant Colonel Cole fait les cent pas au sud du pont de la Madeleine, donnant ses ordre en pleine vue des Allemands. La seule chose qui le sauve, à part la main de Dieu, est que les défenseurs ennemis ont des ordres très stricts de ne pas tirer, afin de ne pas révéler leurs positions. Le Private Bernard Sterno de la Compagnie H se souvient que son commandant de compagnie, le capitaine Cecil Simmons, murmurait ses ordres quand il donnait les dispositions à suivre.
« Putain ! Simmons ! Pas besoin de parler si bas ! Ces damnés « Heinies » (argot pour « Boches » ndlr) savent que vous êtes là ! »
Le Private Albert Dieter de la compagnie H progresse jusqu’à la première haie après le pont, et attire une volée de balles allemandes. Malgré un bras déchiqueté par les balles, il revient en marchant tranquillement pour se faire soigner. Deux hommes qui accompagnaient Dieter ont été tués, et le tir de mitrailleuse allemand a continué, blessant et tuant d’autres troopers. Le Lieutenant Colonel Cole échange ses impressions avec le Capitaine St. Julien Rosemend du 377th PFAB. Il y a un peu d’artillerie en position près de st Côme du Mont et il demande un tir d’obus fumigènes. Cole demande de faire passer l’ordre suivant de lignes en lignes : « Fixer vos baïonnettes et préparer vous à charger vers la ferme aux coups de sifflet… » Beaucoup d’hommes n’entendirent jamais cet ordre.
A 6 heures 15, Cole demande un tir de barrage de fumée. Il informe le peu d’hommes qui l’entoure de sa volonté de profiter de cet écran de fumée pour charger la ferme Ingouf à la baïonnette. A son coup de sifflet, seulement une vingtaine d’hommes qui ont perçu l’ordre dans le tumulte et le vacarme des tirs allemand, se lèvent et le suivent. John Stopka, son Executive Officer, relaie l’ordre et s’élance suivit d’une cinquantaine d’hommes des compagnies, H, G et HQ. Joel Mehall, Albert Kushmerick, Bernard Sterno et Robert Doran, opérateur radio de Cole sont de ceux là.
Trois hommes du 377th PFAB décimé suite à de désastreux largages, parviennent à rejoindre St Côme du Mont depuis Valognes. Ils reçoivent l’ordre de combattre comme simple soldats d’infanterie, et se trouvent mêlés aux événements. Il s’agit des Sergents Arthur Parker, William Brown et Crowley.
Le sergent Kenneth M Specker et le Private Roach sont les premiers à atteindre la ferme Ingouf. Ils font sauter la serrure et se précipitent dans la maison, poursuivant par la porte de derrière deux allemands qui tentent de s’échapper.
Le Lt Edward A Provost a suivi Cole dans la charge avec 9 hommes. Il attaque avec 5 survivants une pillbox entre la ferme Ingouf et la Madeleine. Avec le T5 james O. Brune, ils tuent les défenseurs à la baïonnette.
150 hommes du 3/502 parviennent à la ferme. Ils s’enterrent le long des haies de par et d’autre de la ferme.
Cole envoie un messager afin que le Lt Colonel Patrick F Cassidy envoie son 1st battalion du 502nd en renfort. Débute alors la bataille du carré de choux pour élargir le périmètre défensif autour de la ferme Ingouf, désormais poste de commandement de Robert Cole.